Covid19-Inégalités : Les démunis, grandes victimes de cette pandémie, ce que préconisent Amnesty International et l’ONU pour les protéger

Cette liste n’est pas exhaustive mais elle permet de tracer, avec l’aide des médias des pays étrangers, les lieux sur notre planète où les pauvres et les démunis souffrent et peinent à survivre depuis le début de la pandémie liée au nouveau Coronavirus (SARS-CoV-2), COVID-19. Doublement victime, les sans abris, les marginaux et les opprimés ont été les premiers à être impactés tant du point de vue sanitaire que du point de vue économique. Du fait de leur situation géographique, les SDF qui vivent hors d’un abri protégé sont les cibles privilégiées du Covid-19, un virus particulièrement dangereux et résistant. La contagion étant favorisée par les contacts fréquents et rapprochés, les sans domicile fixe n’ont pas cette opportunité de se tenir à distance de leurs voisins immédiats et d’observer les gestes barrières, les principales protections contre le coronavirus. Voici un tour d’horizon des régions où le curseur des inégalités est très élevé et font craindre le pire pour certains groupes de population, vulnérables, confrontés au virus Covid-19.

A Paris, jeudi 2 avril, le Conseil d’Etat a rejeté les demandes de réquisition pour les sans-abri d’un collectif mené par Droit au logement (DAL) en estimant que avec le report de la fin de la trêve hivernale au 31 mai, 1 300 places étaient disponibles pour les sans-abri présentant des symptômes qui ne justifient pas leur hospitalisation. (Le Monde). Pourtant cette requête urgente répondait aux attentes d’une pétition ayant rassemblé près de 100 000 signataires (Tribune dans Libération) :

La Fédération nationale Droit au logement, appuyée par la Ligue des droits de l’homme, Elu(e)s contre les violences faites aux femmes, l’association Kâlî (qui accompagne les femmes étrangères), le Groupe d’information et de soutien aux immigré(e)s (Gisti), l’Action des chrétiens contre la torture (ACAT), Droits d’urgence, la Fondation Abbé Pierre et la fédération CGT de la santé, demandaient au Conseil d’Etat de faire recenser tous les sans-abri, d’ordonner à l’Etat de prendre « des mesures sanitaires adéquates » dans les hébergements collectifs, d’en dépister systématiquement tous les occupants et de réquisitionner des chambres d’hôtels pour les sans-abri. Fin de non recevoir.

Plus exposées et moins à même de pouvoir se permettre de se confiner, les populations les plus pauvres souffriront davantage de l’épidémie de Covid-19, affirme le magazine américain The Times, le 17 mars 2020. Depuis plusieurs semaines, le Covid-19 qui n’épargne ni les riches ni les démunis continue son effroyable progression aux États-Unis. Seulement, les inégalités de soins et de prises en charge aux Etats-Unis font dire aux médias Outre-Atlantique (tel le Détroit Free Press) que les Noirs meurent plus que le reste de la population . C’est aussi une des observation du docteur Camara Jones :

«Le COVID-19 ne fait que dévoiler le profond désinvestissement dans nos communautés, les injustices historiques et l’impact de la ségrégation résidentielle. La surreprésentation des personnes de couleur dans la pauvreté et des blancs dans la richesse n’est pas seulement un hasard» constate le docteur Camara Jones, chercheur à l’Université de Harvard. (ProPublica)

Dimanche 22 mars 2020, le député mahorais Mansour Kamardine annonçait dans le Journal La Croix que l’île Mayotte dans l’Archipel des Comores allait «vers une véritable hécatombe ». Et pour cause l’homme qui siège à l’Assemblée Nationale craint un désastre sanitaire pour son département. Selon ses propos dans le journal La Croix « Mayotte est le premier désert médical de France. Nous n’avons que 16 lits en réanimation pour 400 000 habitants, nous n’avons pas de cliniques et la médecine de ville est quasi inexistante.» Pour le quotidien en ligne Le Figaro, Mayotte, le 101ème département de France où 48% des habitants sont étrangers, est le département le plus pauvre de France.

Depuis la mise en place du confinement en Russie lundi 30 mars 2020, les ONG et les organisations caritatives ont de plus en plus de difficultés à soutenir les sans-abri de Moscou. A Moscou, les volontaires pensent qu’il y aura encore plus de personnes dans le besoin dans les prochains jours, annonce Euronews dans ses colonnes.

 

 

 

En Afrique, face aux conséquences de la pandémie, plusieurs gouvernements prennent des décisions pour contenir la crise sociale qui pourrait se déclencher à tout moment dans des pays où la majorité de la population vit au jour le jour. Les travailleurs du secteur informel sont particulièrement fragilisés. (Le Point Afrique).

En Amérique du Sud, au Brésil, les premiers foyers de contamination au Covid-19 sont apparus parmi les populations les plus riches. Mais aujourd’hui le coronavirus s’attaque aux populations les moins favorisés. De quoi raviver un sentiment de lutte de classes.

Au Mexique, «après avoir visité les penthouses (des hôtels hauts de gammes) des plus riches, le virus va immanquablement descendre dans le sous-sol de notre bâtiment national, où se trouvent ceux qui ont le moins de moyens » , craignent les journalistes de l’hebdomadaire de gauche mexicain Proceso.

Au cours des quarante dernières années, la Chine «a réussi le tour de force de sortir 700 millions de personnes de l’extrême pauvreté. Seulement, l’apparition de l’épidémie de Covid-19, dont les répercussions se font déjà sentir sur l’économie, pourrait accentuer les inégalités», titre le site d’informations en ligne l’Humanité.

L’organisme Amnesty International tire la sonnette d’alarme pour que les politiciens et les responsables de santé publique prennent davantage en compte les inégalités sociales durant cette période d’épidémie et l’institution qui veille au respect des Droits de l’homme, préconise :

«Le droit international relatif aux droits humains et ses normes connexes exigent également que les soins de santé, notamment les vaccins et remèdes développés contre le COVID-19 à l’avenir, soient disponibles en quantité suffisante, et accessibles et abordables pour toutes et tous, sans discrimination.

Toute proposition visant à séparer ou à isoler des personnes atteintes de COVID-19 doit être légitime, nécessaire et proportionnée, et ne doit pas constituer une discrimination des personnes en fonction de leur origine ethnique, de leur milieu socio-économique, de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre, de leur religion, de leur citoyenneté, de leur situation au regard de la législation sur l’immigration ou de toute autre catégorie.

Et l’ONU assure qu’avec Didier Trebucq, le coordonnateur des Nations Unies à la Barbade et dans les Caraïbes orientales, l’institution internationale travaille en étroite collaboration avec les gouvernements des Caraïbes pour protéger les personnes les plus vulnérables de la région contre l’impact du coronavirus ou COVID-19. 

Dorothée Audibert-Champenois/Facebook Twitter Instagram C’news Actus Dothy
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